Les temps sont troublés pour les hôpitaux dont les différentes communautés commencent à réclamer une meilleure reconnaissance. Cette question est éthique, mais prend aussi une dimension de performance, tant la productivité est impactée par le sentiment d'appartenance, la stabilité en poste, la capacité à exprimer sa créativité dans l'élaboration de stratégies innovantes et d'organisations agiles.

Les conditions de travail sont au coeur de cette problématique, et jamais jusqu'à présent il n'a été aussi nécessaire de réconcilier ressources humaines et finances dans une stratégie conjointe où le juste coût rejoint la productivité et l'éthique. L'Inspection générale des finances ne s'y est pas trompée, qui vient de s'associer avec l'Inspection générale des affaires sociales pour produire un rapport intitulé « Mettre en oeuvre la budgétisation intégrant l'égalité entre les femmes et les hommes^[1] ». En d'autres termes, l'IGF et l'IGAS s'associent pour réclamer des mesures concrètes, voire budgétaires, en faveur de cet objectif d'égalité^[2]. Le rapport pointe le maintien d'inégalités structurantes en dépit de progrès. Les femmes augmentent leur niveau de diplôme et continuent à gagner moins que leurs homologues ; elles sont victimes de discriminations, qu'on appelle poliment plafond de verre, et qui brident leur émancipation, mais aussi leur pouvoir économique. Les pouvoirs publics peinent à évaluer l'efficacité des mesures mises en oeuvre : « la faible culture de l'évaluation parmi les décideurs publics couplée à des contraintes de calendrier d'élaboration des normes a entretenu une faible connaissance de l'incidence des interventions publiques sur les femmes, et donc sur l'égalité entre les femmes et les hommes ».

La budgétisation intégrant l'égalité est un chantier ambitieux, supposant un portage politique au plus haut niveau, une déclinaison interministérielle qui élude les effets de bord et une acculturation des acteurs de terrain. Le CAC 40 n'est pas plus vertueux : l'enquête BCG & SISTA intitulée « Quelle place des femmes à la direction des entreprises de demain ? FrenchTech 120 : des instances dirigeantes très loin de la parité » est édifiant^[3]. Partout, des initiatives fleurissent. Citons Donner des Elles à la santé, Women in Science et la dernière promotion des élèves directeurs de l'EHESP qui nomme son bureau et confie les clés des finances à une jeune femme. Joli petit clin d'oeil sororal ! Dans un grand hôpital parisien, un collectif de femmes médecins hospitalo-universitaires entend développer un mouvement de compagnonnage pour soutenir leurs jeunes consoeurs dans leurs carrières H et U, transformant le plafond de verre en Passerelle de verre de la sororité. Dans cet hôpital, 65 % des praticiens hospitaliers - cheville ouvrière de l'hôpital - sont des femmes, qui ne sont plus que 55 % des Maitres de conférences et finissent à 35 % des professeurs d'université.

Ces jeunes femmes font le pari de la compétence, de l'énergie, du sérieux et de l'engagement managérial, au service de l'usager. C'est une vision courageuse, inspirante et moderne du service public hospitalier. Gageons qu'elle se traduira par des résultats vertueux et performants.

Notes :

[1] Rapport public, site de l'IGF, 7 mars 2025

[2] Voir Santé RH, mars 2025

[3] Mixité dans les scale-ups, nov. 2022