Revue de gestion du personnel médical et hospitalier des établissements de santé

EDITO

De la Convention de Planification écologique pour le système de santé, à la définition d'un projet d'établissement responsable

 

Sandra BERTEZENE

Professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers

Titulaire de la Chaire de Gestion des Services de Santé

Le 15 décembre dernier, la ministre déléguée auprès du ministre de la Santé chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé, a présidé la deuxième réunion du Comité de pilotage de la planification écologique pour le système de santé. Dans ce cadre, la Convention de Planification écologique pour le système de santé suggère non seulement la formation des équipes hospitalières au volet vert de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), mais également l'intégration d'une véritable politique écologique au projet d'établissement. La plupart des dirigeants voient sans doute ici une double opportunité : d'une part réduire les gaspillages de ressources et donc les dépenses ; d'autre part, obtenir une plus grande confiance de la part des parties prenantes que sont notamment les patients, les personnels et les tutelles, contribuant ainsi à la création de potentiel sur le moyen-long terme (image, réputation, budgets accordés pour de nouveaux projets, etc.).

L'engagement dans la transition écologique pourrait toutefois se manifester au sein des hôpitaux de bien des manières : refuser cette contrainte supplémentaire et ne rien faire dans un premier temps (stratégie réactive) ; ou accepter l'idée d'une contribution à la transition écologique en mettant en oeuvre le minimum attendu, par exemple suivre une formation, monter les dossiers de demande d'aides financières proposées par le dispositif, planifier les changements à opérer et réaliser le suivi des sommes perçues (stratégie défensive) ; ou encore, intégrer la transition écologique dans tous les axes du projet d'établissement conformément à ce qui est attendu par l'État, mais également par d'autres parties prenantes comme les patients ou les personnels que l'on interroge à ce sujet (stratégie accommodante) ; ou enfin, anticiper les exigences et les attentes des parties prenantes, définir des objectifs et mettre en oeuvre des actions qui vont au-delà de ce qui est requis par ces-dernières et agir ainsi comme un modèle à suivre (stratégie proactive).

Dans ce dernier cas, la transition écologique devient une étape vers une politique plus vaste de RSE s'enrichissant d'engagements sociaux-sociétaux et économiques, dont la performance est évaluée périodiquement. La production d'indicateurs fiables a comme avantage de rendre l'établissement particulièrement crédible aux yeux des parties prenantes et évite les accusations d'utilisation fallacieuse d'arguments faisant état de pratiques responsables. Mais pour aboutir à un tel résultat, le développement d'un contrôle organisationnel davantage transversal et partagé semble indispensable compte tenu du caractère systémique de la RSE. Par exemple sur le volet vert, il ne s'agit plus seulement de produire des repas à destination des patients engageant
la seule compétence des cuisiniers, mesurée par la direction des ressources humaines. Il s'agit plus largement de définir une politique achat assurant la production de repas responsables, par des cuisiniers considérés comme des parties prenantes de cette politique. C'est-à-dire sélectionnant les fournisseurs de proximité pour réduire l'empreinte carbone, mais également garantissant la qualité biologique pour préserver l'environnement, la bonne santé des patients et la préparation de menus adaptés aux goûts et aux prescriptions médicales en fonction des produits disponibles.

Quels que soient les choix opérés par les établissements dans le cadre de la Convention de Planification, ils évolueront dans le temps car même si les règles actuelles sont non-coercitives, elles influencent peu à peu les choix organisationnels : la conformité deviendra incontournable au fil des mois, puis le mimétisme à l'égard d'hôpitaux considérés comme des modèles à suivre prendra le relai - et il en existe déjà - alors autant anticiper !

Notes :

Sources :

Carroll A.B. (1999), Corporate Social Responsibility. Evolution of a definitional construct, Business and Society, Vol. 38, n°3, p. 268-295.

DiMaggio P., Powell W. (1983), The Iron-Cage Revisited: Institutional Isomorphism and Collective Rationality in Organizational Field, American Sociological Review, n°48, p. 147-160.

Elkington J. (1997), Cannibals with Forks: The Triple Bottom Line of 21st Century Business, The Conscientious Commerce Series, Paperback, New Society Publishers.

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